La métallurgie ancienne sur le Haut-Doubs
En cours de rédaction
Source : Minaria Helvetica 24b/2004, société suisse d'histoire des mines.
Géologie et minéralogie : le minerai de Métabief
Plusieurs types de minerai auraient été exploités par le passé sur le secteur du Haut Doubs. Celui qui nous intéresse particulièrement et qui fut à la base des exploitations les plus importantes s'apelle la limonite du valanginien ou limonite de Métabief. Il s'agit d'un calcaire qui se serait formé au valanginen (environ 135 millions d'années) pendant la période du Crétacé. La plupart des couches sédimentaires datant de cette époque ont disparu dans le Jura suite à l'érosion glaciaire du quaternaire pour ne laisser en place que les couches plus ancienne du jurassique. Mais au flanc de certains plis, il reste quelques portions de ces couches qui affleurent par endroit. C'est le cas dans la région de Métabief où le valanginien apparaît sur le versant nord-ouest du Mont d'Or le long d'une bande allant de Métabief à Rochejean.
Exploitation du minerai : les vestiges miniers du district du Mont d'Or.
Résumé : Dans la région du Mont d'Or, la limonite du Valanginien affleure le long des versants des vallées, à mi-côte. Partout où il est accessible, le minerai a été exploité au moyen de minières et de tranchées, à partir du XV° siècle et jusqu'à la fin du XVIII° siècle. Au cours de la dernière décennie du XVIII° siècle et pendant la première moitié du XIX° siècle, pour intensifier la production, un petit nombre de mines souterraines ont été mises en fonction. La mine la plus importante se trouvait au dessus du village des Longevilles Hautes. L'exploitation se faisait par trois puits donnant accès à des réseaux d'exploitation souterrain en pente. Récemment, un tronçon de galerie appartenant à cette exploitation a pu être exploré au lieu-dit « Les Seignots ». Une autre mine était située à Métabief, dans un secteur où le minerai est pratiquement horizontal. Elle a été visitée dans les années 1960. Il existait une mine près du village des Fourgs. Pour ces trois exploitations, on dispose de plans datés de 1835 et de descriptions faites à la même époque. Enfin, une autre mine qui se trouvait près de Oye-et-Pallet est partiellement accessible et a fait l'objet d'une étude préliminaire.
Introduction : Depuis le XV° siècle au moins, on trouve des allusions aux exploitations minières dans le district du Mont d'Or. Malheureusement, dans les textes les plus anciens, on ne dispose que de très peu d'indications topographiques. Au début, les minerais sont concédés globalement, sur la totalité d'un territoire d'une ou de plusieurs seigneuries. On voit ainsi apparaître les seigneuries de Jougne, de Rochejean, de Sainte Marie, de Chatelblanc et de Mouthe. Quelquefois, on mentionne une localité de manière explicite : Les Longevilles, Métabief, Saint Antoine, Touillon et Loutelet ou encore les Hôpitaux Vieux. Très rarement, il est fait référence à un lieu-dit particulier.
1. Les longevilles Mont d'Or
Aux Longevilles Mont d'Or, les vestiges miniers de surface et souterrains se répartissent sur une ligne orientée Sud-Ouest/Nord-Est parallèle à l'axe formé par la vallée du Bief Rouge coulant de Métabief vers le Doubs, rivière qui permit l'implantation du haut fourneau de Rochejean tout proche, et dont le lit se situe à une altitude d'environ 900 m. Cette ligne se situe au sud du Bief Rouge, à une altitude comprise entre 1000 et 1050 mètres sur le flanc nord de l'anticlinal du Mont d'Or dont l'axe sommital se situe à une altitude moyenne d'environ 1250 mètres. Elle se situe en limite de la zone forestière, là ou la pente commence à devenir trop importante pour permettre une exploitation agricole du terrain.
- Secteur Ouest : des Granges Barthod (pt 993) à "la Combe" - Secteur Centre : de "la Combe" à la route D 450 croisement avec la route menant au Gros Morond. - Secteur Est, secteur des Seignots : de la route D 450 à la limite avec la commune de Métabief.
Secteur Ouest
Au Sud-Ouest, on trouve les premiers vestiges en surface dans une bande forestière comprise entre le point 993 situé au croisement des routes forestières menant aux Granges Barthod et aux Auges de Pierre, et le petit vallon situé au sud de la route forestière menant de la mairie à Super Longevilles (site de la Combe).
On trouve au sud de la mine de La Combe , en limite de la forêt et au bout de la pâture située au nord de la route des Auges de Pierre une petite cavité appelée la "cave aux renards". On ne sait pas si cette cavité de quelques mètres de développement est d'origine naturelle ou minière. Autrefois pénétrable sur quelques mètres, l'entrée de cette cavité est aujourd'hui partiellement éboulée. Des recherches ont été effectuées à l'Ouest, dans les environs des Granges Barthod, mais sans résultat.
Secteur Centre
Lorsque depuis le site de la Combe, on prend le sentier remontant en direction de la route D450 et le site des Seignots, on observe en bordure gauche de ce sentier, à quelques mètres de celui-ci, une tranchée d'environ 4 mètres de large et deux mètres de profondeur, puis une succession de creux. Ces vestiges situés dans une petite bande boisée placée entre le sentier et la pâture ont été récemment défrichés par les membres de l'association pour la mise en place d'un sentier à thème "le chemin du fer". Un plan de la mine des Longevilles daté de 1835 fait état de 3 puits et d'une tranchée dite "tranchée Fayol", probablement d'après le nom du propriétaire du terrain ou de l'exploitant. Il est possible que la grande tranchée actuellement visible corresponde à cette structure.
Secteur Est
A l'est de la route D 450, en direction de la limite communale avec Métabief, on observe dans la forêt une zone très perturbée dans un secteur durement touché lors de la tempête de décembre 1999. On observe sur ce site de nombreux creux et entonnoirs ainsi que des renfoncements dans le flan de la montagne pouvant faire penser à des emplacements d'entrées de galeries. C'est dans ce secteur que deux sites de vestiges souterrains ont été découverts : la mine des Seignots (voir 1.2) et, à l'autre extrémité de cette zone, la mine de la Borne 11 (voir 1.3).
Cette mine se situe environ à 750 mètres au Sud-Est du village des Longevilles Mont-d'Or. Pour y accéder depuis la route départementale 45, il faut prendre la petite route qui passe devant la mairie et quelques dizaines de mètres après celle-ci, tourner à droite pour prendre un chemin qui sort du village et mène à un petit vallon (par la suite dénommé "la Combe). Pour trouver la mine, il faut rester sur le chemin qui reste au fond de ce vallon en serrant à droite. Après avoir laissé le réservoir sur notre gauche, continuer tout droit dans la zône humide et environ 100 mètres après celui-ci on tombe sur le renfoncement à droite où se trouve l'entrée de la galerie.
Cette galerie a été découverte le 12 mai 2001 à une dizaine de mètres de profondeur par les autorités de la commune et un groupe de l'association "Un passé oublié". Suite à l'ouverture de la galerie à la pelleteuse, celle-ci est restée plusieurs mois sans que personne n'ose s'y aventurer car l'entrée ouverte dans des terrains instables restait très dangereuse. Après la mise en sécurité à l'aide de conduites en béton, une première exploration a été faite le 11 février 2002 par Michel Cottet et Claude Jacquemin-Verguet, puis le 13 septembre 2002 par Urs Eischenberger de l'Institut Suisse de Spéléologie et de karstologie et de Christophe Folletete. Lors de sa découverte, cette galerie était en partie noyée.
la galerie est creusée dans les sédiments fluvio-glaciaires du quaternaire. Ces sables, graviers et moraines ne sont que peu consolidés. L'ensemble mesure plus de 10 m et l'épaisseur des couches individuelles varie fortement. Les graviers fluviatiles bien arrondis sont plus abondants dans la section supérieure du quaternaire tandis que les sables fluvio-deltaïques en couches fines dominent vers la base. Les strates individuelles sont inclinées de 30 à 45 ° vers le NO. Le Crétacé n'affleure nulle part dans la galerie.
Au fond, la galerie est remplie d'un sédiment sableux avec du gravier sec jusqu'à 30 cm sous la voûte. Le niveau de ce sédiment s'abaisse continuellement en direction de la sortie. A partir du niveau des arrivées d'eau au plafond, il contient plus d'argile. Cette argile forme un dépôt de 40 cm dans les premiers mètres de la galerie. Il se dépose au fur et à mesure lors de pluis modérées. Par fortes pluies, les sédiments accumulés sont lavés vers l'entrée de la galerie où ils commencent à boucher les tuyaux. Le profil de la galerie ne dépasse normalement 1 mètre par 1,5 mètres. Les voûtes sont arrondies.
Le point le plus bas de la galerie est la sortie. Les ruissellements qui sortent du tube ont leur origine dans les graviers sableux situés au milieu de la série quaternaire. Le fond de la galerie est sec et sans traces d'eau.
Un des éléments importants apportés par l'exploration de cette galerie est le fait de savoir que sur toute la longueur explorée, celle-ci ne donne accès à aucun moment au gisement de minerai, ce n'est donc pas une galerie d'exploitation. Des questions se posent donc sur son utilité. Celle-ci pouvait être utilisée, du fait de sa pente inclinées vers l'extérieur, comme galerie de drainage afin de canaliser l'eau en direction du petit ruisseau. Elle pouvait aussi être utilisée comme travers-banc pour donner accès au minerai qui doit se trouver un peu plus loin dans le terrain. Des vestiges de boisages ont été trouvés lors de l'exploration et peuvent être soit les vestiges d'un ancien chemin de roulement, soit des éléments de soutènement. Cette galerie est très instable et d'un accès relativement dangereux.
1.2 Le réseau exploré au lieu-dit "Les Seignots"
La galerie se situe environ à 1070 mètres d'altitude, dans une zone boisée fortement touchée lors de la tempête de décembre 1999, sur le versant nord de l'anticlinal du Mont d'Or, dans un renfoncement pouvant faire penser à une entrée de galerie perpendiculaire au plissement. C'est la configuration du terrain à cet endroit ainsi que des recherches géobiologiques qui ont conduit à faire des recherches sur ce site. Les recherches ont été menées à l'aide d'une pelleteuse de chantier, et il fallut creuser à une profondeur d'environ 4 mètres pour percer la voute de la galerie. Après de nombreuses recherches infructueuses suite à la découverte de la première galerie à la borne 11 le 25 juin 1999, elle fut découverte le 15 octobre 1999 par les représentants de la commune des Longevilles-Mont d'Or en présence de membres de l'association. Cette mine a été réouverte le 18 avril 2000 en présence de Catherine Lavier, Denis Morin, Patrick Rosenthal, Roger Bailly, Jean-Marie Pourcelot, Alfred Lanquetin, Claude Jacquemin-Verguet, Colette Dulphy, Christophe Folletete. Des relevés topographiques ont été effectués lors de cette seconde visite et une topographie a été ensuite réalisée par Denis Morin. Une troisième exploration a été effectuée le 13 septembre 2002 avec urs Eischenberger de l'Institut Suisse de Spéléologie et de Karstologie.
Description des vestiges souterrains explorés aux Seignots
L'accès se présente sous la forme d'une galerie à demi colmatée de section semi-circulaire (hauteur 0,6 mètres, largeur 1,50 mètres). La galerie qui s'ouvre plein nord est taillée dans une argile à blocaux glaciaires (boulder-clay) compacte de couleur beige clair comportant de nombreux galets et cailloutis.
L'abbattage est manuel, au pic et au coin comme en témoignent les nombreuses traces visibles sur les parois.
2.Métabief
télécharger le plan de la mine de Métabief de 1835
3.Les Fourgs
La mine située près du village des Fourgs est plutôt mal connue. D'après la tradition locale, elle se trouvait sur le versant nord du Crêt du Vourbey, au lieu-dit "Dessous les Côtes", à environ 1 km au sud-est de l'église du village. Aujourd'hui, dans ce secteur, une piste de ski a été aménagée. Des installations de lavage du minerai auraient été aménagées à proximité avec l'eau d'une source amenée grâce à une canalisation en bois.
On ne connaît pas de témoignage récent attestant que des vestiges souterrains existent. Par contre, la mine est mentionnée dans plusieurs sources (Thirria 1836, annuaire statistique du Doubs) et un plan daté de 1835 a été retrouvé aux archives nationales françaises (AN F14 7948).
D'après Thirria, on accède aux travaux souterrains par deux puits de 10 et 12 mètres. Une galerie d'allongement de 225 mètres donne accès à des galeries de pendage exploitant le gisement sur une cinquantaine de mètres de largeur. L'annuaire de 1841 ne mentionne qu'un seul puits de 20 mètres de profondeur et des travaux s'éloignant sur 90 mètres au maximum. Certaines zônes sont éboulées à cette date, ce qui pourrait expliquer qu'il ne reste qu'un seul puits en fonction.
Le plan de 1835 montre bien une large galerie principale (85 mètres), quatres galeries transversales en activité dont une de près de 80 mètres. Les indications en trait discontinu semblent correspondre à des projets d'extension de l'exploitation. L'accès n'est pas clairement représenté, mais indiqué par la présence de la lettre A à l'extrémité de la galerie principale. Sur le dessin, cette extrémité de galerie est cependant fermée par un trait continu. Cela signifie sans doute que c'est bien un puits vertical, non représenté sur le plan, qui donnait accès à l'exploitation souterraine. Les traits discontinus qui prolongent la galerie principale vers le nord (en bas sur le plan), doivent être interprétés comme des travaux projetés. En 1833, l'équipe d'ouvriers compte 6 personnes.
Oye et Pallet
Réduction du minerai, Transformation et commercialisation
Résumé : Dans le district minier du Mont d'Or, l'activité sidérurgique se développe entre la fin du XV° siècle et la moitié du XIX° siècle. Les trois Hauts fourneaux de Rochejean, Pontarlier, et la Ferrière sous Jougne sont les trois principales entreprises métallurgiques de la partie comtoise du district. Rochejean bénéficie d'approvisionnement en minerai et en combustible qui sont mieux assurés. Le Haut Fourneau fonctionne pendant 400 ans, presque sans interruption. Pour les deux autres, les conditions sont moins favorables et l'activité est toujours menacée. Pour compenser ce handicap, les exploitants se tournent vers d'autres opérations : affinage de la fonte, grosse forge, puis taillanderie, tréfilerie...
Bibliographie sur la métallurgie ancienne
Bailly Roger, Un passé oublié, Essais sur la sidérurgie dans le triangle d'Or La Ferrière-Pontarlier-Rochejean, Caracter's, Besançon 1998. La métallurgie comtoise XV° - XIX° siècles , Collectif, Cahiers du patrimoine.
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